Centre des enfants des rues

Publié le par isabelle

 
J’ai fini par assister cette semaine à une réunion avec le Directeur de CTC et Marlyse pour faire accepter ma présence dans le centre. J’ai proposé (naivement) d’ouvrir et de tenir la bibliothèque le samedi et le dimanche car les enfants n’ont rien à faire.
Il y a une condition, c’est qu’il faut qu’un vietnamien (mais pas ceux du centre car ils ne travaillent pas le week end) m’assiste notamment pour traduire mais surtout pour surveiller les gamins.
Je pars en chasse auprès de mon étudiante de français, mais ici contrairement au Nord les choses se font lentement.
Cela fait un mois que je suis partie, je commence à m’impatienter de faire quelque chose de concret et les choses se présenteront d’elles-même quelques jours plus tard dans un orphelinat… (prochain article).
Pour le moment, je vais au Centre. C’est une organisation d’Etat qui recueille des orphelins de 6 à 18 ans et des enfants ramassés dans la rue car ils vendent des cigarettes, des billets de loto, des chewing gum ou qui mendient car leurs parents ne s’en occupent pas, ne travaillent pas, boient, se droguent etc. Il y a 300 garçons et seulement 50 filles.
Il y a actuellement une épidémie de varicelle (je ne me souviens pas si je l’ai eue, on verra bien) et beaucoup ont la galle (là rien à faire à titre préventif, mais ça se soigne très bien).
J’ai assisté à une arrivée de nouveaux qui m’a pas mal pertubée. Imaginez le fourgon de la fourrière dans « La belle et le clochard ». Le fourgon à barreaux est arrivé au son des sirènes dans la cour du Centre. Tous les enfants se sont planqués dans les dortoirs. J’ai vu des mains d’enfants agrippées aux barreaux du fourgon. Vent de panique. Je suis pétrifiée. 4 enfants descendent et s’accroupissent par terre en attendant qu’on prenne leur nom, qu’on les mette à la douche, puis à l’infirmerie (tenur par mon homonyme bénévole suisse). Les enfants des rues n’aiment pas être mis dans des centres d’accueil, ils ont trop l’habitude de la liberté, de la débrouille et pas du tout de la discipline. Beaucoup cherchent par tous moyens à s’enfuir et souvent ils y réussissent pour être repris plus tard. Mais le Centre est une vraie chance pour eux car ils sont logés (à 25 par dortoir sur des sommiers faits de planches de bois recouvertes d’une natte), nourris (pour l’équivalent de 1 CHF par jour…) et éduqués (sachant que l’école est payante à partir de 6 ans). Certains s’y installent et ne parviennent plus à quitter le Centre.
Les filles sont très attachantes. J’assiste au cours de broderie (ne souriez pas) et de français puis je fais un tour à la bibliothèque et je joue aux chevaux avec les garçons.
 
S’agissant d’un centre gouvernemental, les éducateurs sont très mal payés et en font le minimum. Pas de complicité avec les enfants, aucun soutien. Il y aurait tant à faire. Mais il faut faire accepter l’idée de faire venir des étudiants en sciences sociales bénévoles qui peuvent faire changer les choses.
 
Atelier de coiffure: j'irai me faire faire un shampoing.
 
Le Centre est le principal objet de l’Association SOS Enfants des rues du Vietnam (Marlyse). Elle y a investi 300'000 dollars et les conditions de vie y sont presque acceptables ( à l’exception des dortoirs)  Lorsqu’un projet se réalise, il faut parfois recommencer au bout d’un an car les douches sont cassées, les robinets ont disparu ( ???), l’eau du puits est insalubre. Mais Marlyse revient, négocie, exige et ne lâche pas le morceau.. .       

 

Publié dans isa-au-vietnam

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P
isabelle,ton récit sur le fourgon est a peine pensable,aucun respect pour les enfants.
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N
Isa, ces enfants, quelle souffrance dans leurs regards ! Je voudrais être avec toi là-bas pour... peut être simplement les aimer.
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